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les
torikumi à base de Gros contre Gros sont lents et ennuyeux. Les
jeunes pensent également que bien que les combats engageant les
Petits contre les Petits fassent montre d’une plus grande
rapidité et d’une agilité admirable, ils demeurent
toujours moins séduisants que le K1. De fait, le sumo devrait se
vendre aux jeunes shinjinrui en jouant sur leur amour des
extrêmes. En général, les torikumi qui sont
à l’évidence les plus passionnants sont ceux qui opposent
le Gros contre le Petit (qui pourrait oublier le splendide uchigake de
Mainoumi sur Akebono en novembre 1991, ou l’épatant shitatenage
d’Asashoryu sur Musashimaru en mai 2001 ?). A chaque fois que le Gros
rencontre le Petit, le tempo est rapide et le combat acharné. La
télé et internet devraient rappeler sans relâche
aux shinjinrui que même le K1 n’est pas assez fou pour forcer le
Petit à affronter le Gros à égalité. Le
sumo devrait profiter de la sympathie des shinjinrui envers les
lutteurs les plus légers et les encourager à soutenir
leurs challengers favoris. Cette stratégie revêt une importance d’autant plus capitale que les jeunes trouvent les techniques de K1 infiniment plus spectaculaires que les kimarite du sumo. « Les victoires en sumo sont moins impressionnantes », dit Fumiko, 17 ans, provoquant un hochement de tête approbateur de ses trois amis. Bien plus encore, certains shinjinrui trouvent les coutumes du sumo tellement ennuyeuses qu’ils n’aiment le sumo que lorsque les règles sont enfreintes ! Bien des shinjinrui, quoique réticents à justifier ouvertement le détestable tirage du mage de Kyokushuzan par le yokozuna Asashoryu, trouvent encore que l’incident fut bien plus spectaculaire qu’un kimarite valide. Bien entendu, de nouveaux kimarite sont de temps en temps ajoutés au glossaire du sumo – la dernière fois que cela s’est produit, c’était en mars 2001 – mais ces termes sont introduits rétrospectivement, et ne |
servent
qu’à expliquer un phénomène existant d’ores et
déjà dans le sumo plutôt que d’inviter les sumotori
à employer des techniques nouvelles et radicalement
différentes. C’est le contexte au cours duquel les kimarite sont
employés – si possible par le Petit sur le Gros – qui
déchaînera leur enthousiasme. Des horaires inadaptés ? Les horaires des combats rendent le sumo encore plus inattractif aux yeux des shinjinrui. L’experte en sumo Liliane Fujimori décrit totalement mes sentiments : « En Occident, nous en venons souvent à nous demander comment certaines personnes peuvent se permettre de […] regarder le sumo […] durant quinze journées consécutives du matin au soir ! Les riches et les vieux ne devraient pas être les seuls habilités à jouir de ce privilège ». La majorité des shinjinrui interviewés sont en faveur de ma suggestion que les combats des divisions phares devraient être déplacés le soir, disons à 19h30, pour permettre aux plus jeunes de pouvoir les regarder après le travail. Les promoteurs du football, du base-ball et du K1 n’imaginent pas faire jouer des matchs l’après-midi en milieu de semaine, alors pourquoi le sumo devrait-il faire cela ? Bien plus, les combats de makuuchi s’étendant sur deux heures et quinze minutes, cette séparation avec les divisions inférieures donnerait aux jeunes un spectacle d’une durée similaire à celle d’un match de football, et donc plus en accord avec leurs timings d’attention envers les sports. Clairement, la NSK se verrait largement contrainte à des ajustements d’horaires de travail et de repas, et les tsukebito y perdraient sans doute encore un peu plus de sommeil, mais il faut souligner que les rikishi de makuuchi participent avec succès à des spectacles nocturnes quand ils sont en tournée à l’étranger. Toutefois, |
certains
jeunes Japonais maintiennent que les horaires des torikumi n’y changent
rien. « Montrer du sumo à des horaires différents
ne fait aucune différence. Ce n’est juste pas assez passionnant.
Il y a bien trop de shikiri-naoshi (préparation au combat)
». Des shikiri-naoshi soporifiques ? Parmi les shinjinrui, beaucoup sont intimement convaincus que les torikumi du sumo, qui durent à peine quelques secondes, ne méritent tout simplement pas une préparation de quatre minutes. Aux yeux des réfractaires, le shikiri-naoshi du sumo apparaît bien plus banal que les prologues de combats de K1, où l’on trouve tout un langage peu fleuri et des visages mauvais. Le shikiri-naoshi irrite considérablement les jeunes. Il est sous-tendu par une religion qu’ils ne comprennent qu’à peine, si tant est qu’il y croient tout simplement, et est adouci par un contrôle des émotions qui leur rappelle plus les principes d’une éducation rigide et conformiste que le plaisir sans limites qu’ils partagent avec leurs amis. Toutefois, on peut se poser la question : est-ce qu’un shikiri-naoshi d’une minute inciterait plus de jeunes à regarder le sumo ? Je n’ai pas encore trouvé de proposition qui fasse autant rire les shinjinrui. « Ca pourrait marcher », selon le témoignage de Yu, une étudiante en langues étrangères de Tokyo, tout en contrôlant ses gloussements « mais les lutteurs ont besoin de temps pour se concentrer et créer une atmosphère ». Kentaro, un autre étudiant en langues, renchérit. « On ne peut pas avoir un shikiri-naoshi d’une minute. C’est une chose importante dans la performance des lutteurs ». Kentaro ne dit pas que c’est une chose importante pour lui, toutefois. Tout comme Yu, il est convaincu que la vieille génération a le droit Suite |
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