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toujours
pas empêchés d’assumer le rôle de sex-symbols –
particulièrement lorsqu’ils pèsent moins de kilos.
Toutefois, les shinjinrui du Japon ont grandi dans une
société sous l’influence des canons de beauté
occidentaux, et leur goût pour une taille fine à la
manière de Rie Miyazawa les rendent plus défiants envers
l’obésité que ne l’étaient leurs ancêtres.
Pour reprendre les mots de Michiko, une jeune femme de Toyama : «
Beaucoup de Japonais aiment les gens minces. C’est simplement pas en
vogue d’être gros. La plupart des sumotori ne sont juste pas
assez mignons ». Yuko, une administratrice de 26 ans, constate qu’il est plus difficile de respecter les sumotori parce qu’ils ont été dépouillés de la puissante symbolique qu’on leur associait autrefois. « Après la défaite de 1945, beaucoup de Japonais sont devenus pauvres et n’avaient pas de quoi se nourri suffisamment », dit-elle. « Ils souhaitaient que des hommes forts, physiquement et mentalement, puissent les protéger. Après soixante années de paix, toutefois, les jeunes Japonais ne voient plus les sumotori comme des ‘protecteurs’ de la nation et ont en général une mauvaise opinion des gros. Les jeunes sont obnubilés par leur poids et, à leurs yeux, les sumotori ne donnent pas l’image de la bonne santé ». Avant le nouveau millénaire, la conception de la « santé » selon la NSK était diamétralement opposée à celle des shinjinrui. L’axiome voulant qu’un jeune deshi réussisse immanquablement s’il gagnait en poids rapidement et tout au long de sa carrière fut suivi de manière quasi fanatique après l’ascension des trois géants hawaïens (Konishiki, Akebono et Musashimaru), dont le succès fut de façon discutable attribué à leur seul gabarit. Dans de vaines tentatives d’égaler la masse des Hawaïens, des sumotori novices faisaient des razzias dans les fast-foods pour compléter leur régime |
chanko à haute teneur calorique. En faisant cela, ils apparurent comme encore plus malsains aux yeux des shinjinrui. Toutefois, vers la fin des années 1990, les tournois de sumo se sont vus frappés par des séries de blessures causées par l’excès de poids et, pour y répondre, la NSK exigea que l’ensemble des sumotori voient leur indice de masse corporelle vérifié de façon régulière. Ce changement de politique a produit des résultats significatifs. Alors qu’en novembre 1990 les cinq rikishi les plus lourds avaient un poids moyen de 192 kilos, en mars 2006 cette moyenne est passée à 174 kilos. De même, le poids médian des dix premiers rikishi a chuté entre ces deux dates de 174 à 164 kilos. Le poids moyen des rikishi de makuuchi, toutefois, est resté stable à 150 kilos au cours des seize dernières années, et partant largement au-dessus du poids moyen des six sumotori considérés comme les « plus beaux » par les jeunes Japonais sondés : Chiyonofuji, Kyokudozan, Terao, Mainoumi et les frères Hanada. Le fait que cette moyenne de 150 kilos ne semble pas devoir baisser est cependant une bonne chose. Quiconque ayant côtoyé un sumotori de 165 kilos ne peut pas ne pas être impressionné par la force brute dégagée par ce physique hors-norme. Quiconque a entendu le son de deux rikishi s’entrechoquant n’oubliera jamais cette expérience. Pour reprendre les mots de Fumiko, 17 ans : « Si les sumo n’étaient que des poids-légers, les vieux ne le regarderaient plus. Le sumo ressemblerait trop aux autres sports, et perdrait beaucoup de ses traditions et de son identité ». Le poids est véritablement un facteur déterminant de l’originalité du sumo. Si l’on tirait un meilleur parti de cet attribut, il pourrait encore attirer les jeunes Japonais. Car les jeunes Japonais ne sont pas uniquement rebutés par les amas de chair pendante. Ils sont aussi rebutés par |
leur tendance à réduire à néant le combat vif et athlétique. Un style de combat repoussant ? Aussi incongru que la chose puisse paraître, les shinjinrui ont tendance à comparer les sumotori avec les agiles combattants de K1 et les footballeurs aux pieds d’or. Ils notent que les combattants de K1 paraissent plus solides que les sumotori, puisqu’il leur est permis d’employer les poings fermés. Ils notent qu’un coup de tête d’un combattant de K1 semble bien plus spectaculaire qu’un ketaguri (balayage intérieur) ou un sotogake (balayage extérieur) en sumo. Ils notent que les footballeurs évoluent bien plus rapidement et avec plus de souplesse que les sumotori. Et ils trouvent que les rencontres de K1 et les matchs de football durent bien plus longtemps qu’un combat de sumo, bien qu’ils n’aient pas besoin d’y ajouter d’ennuyeux rituels shinto auparavant. Kenji, un étudiant au gabarit de sumo, nous dit : « le sumo nous montre de la force, mais il n’est pas aussi vif et excitant que le K1 ». Keisuke, un autre étudiant, renchérit : « J’aime le football désormais. Il y a bien plus de mouvement que dans le sumo avec tous ces shiko ». Même les entraîneurs de sumo ont du mal à contredire cela. L’un d’entre eux m’a dit : « Le football est un jeu rapide. Le sumo est lent et demande plus de réflexion ». Mais les vertus de la « réflexion » sont difficiles à vendre à la génération de l’instantané des shinjinrui, auxquels la technologie satisfait les besoins avant même qu’ils ne les aient exprimés. Bien que le sumo puisse donner tout un ensemble de faits pour réfuter de telles professions de foi (mais pas avec des rediffusions de combats Onokuni-Konishiki), les jeunes Japonais pensent invariablement que Suite |
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