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inférieur, et les encourager à s’entraîner plus dur. Il est vrai qu’il n’est pas conseillé que des jeunes gens dépensent tout leur argent dans les amusements et les fast-food, mais nous avons tous eu vingt ans, et à cet âge, à quoi dépensions-nous notre argent ? Faisions-nous des investissements sur le CAC 40 ou dans un plan de retraite ? Il est clair qu’un jeune Japonais a les mêmes fantaisies qu’un jeune d’Europe, d’Amérique ou d’Australie, et s’il sait dès le départ qu’il ne peut se permettre aucune de ces fantaisies jusqu’à ce qu’il devienne un sekitori, il y a très peu de chances, pour un membre de cette jeune génération, qu’il puisse être attiré vers cette vie, parce qu’il doit sacrifier son enfance. Dans le monde d’aujourd’hui, c’est une exigence très dure envers un enfant, et bien peu en sont capables. Tu poses la question : « Qu’est-ce qui arrive aux rikishi qui n’ont pas les qualités pour arriver au sommet ? ». Tu pourrais poser la même question pour n’importe quel sport. Tout le monde ne peut devenir Di Stefano, Pele, Maradona ou Zidane, mais pourtant, des milliers de jeunes rejoignent les centres d’entraînement des grands clubs comme le Real Madrid, le Milan AC ou Manchester United. La plupart de ces joueurs sont incapables de rejoindre les grands clubs et passent leur carrière toute entière dans des clubs de seconde division. Attendons-nous d’eux qu’ils ne perçoivent aucun salaire ? Comme toi, je crois que le sumo est ce qu’il est, grâce aux traditions séculaires qui ont été maintenues depuis les temps anciens. Mais aucun sport et aucune culture ne peuvent demeurer figés pour l’éternité, et le sumo lui aussi doit s’adapter aux changements du |
monde
actuel. Si la Nihon Sumo Kyokai ne veut pas voir les noms de quasiment
tous les rikishi étrangers en haut du banzuke à
très court terme, elle doit alors trouver un moyen de payer des
salaires aux lutteurs des tréfonds du banzuke. KS : Oui, je crois que nous sommes d’accord qu’un changement sur le système monétaire que la NSK applique aux divisions inférieures pourrait être effectué. Mon système est-il meilleur que le tien, ou inversement ? C’est une question qui probablement ne trouvera jamais de réponse parce que la NSK n’est pas prête d’adopter aucune de nos propositions. C’est toujours marrant d’en débattre, cependant. Bon, je ne vais quand même pas trop m’éloigner du sujet. Donc, comment pouvons-nous faire venir plus de jeunes Japonais dans le sport si la NSK ne paie pas les rikishi de rang inférieur ? La réponse, selon moi, est très simple : toutefois, elle est très difficile à mettre en place. La NSK doit créer du spectacle autour du dohyo. Souviens-toi des périodes les plus populaires de l’histoire du sumo – les récentes rivalités entre la Futagoyama-beya et les Hawaïens – Chiyonofuji, son charme, sa petite taille et sa soif de victoires – l’invincibilité de Taiho – l’ère Waka-Tochi dans les années 50 – et bien entendu le grand Futabayama ? Toutes ces ères avaient une chose en commun. C’était du grand spectacle ! et c’est là que réside le problème de la NSK. Comment peut-elle créer une variété spectaculaire de sumo ? Comment créer des rivalités, du charisme et de la popularité ? peut-être la réponse est le marketing du sport. Je ne sais pas exactement quelle est la quantité insufflée actuellement, mais si l’on compare avec, par exemple, le base-ball au Japon, mon estimation est qu’il y a un gouffre dans les montants consacrés dans les deux sports à la publicité de leurs stars. Il faut que |
celles-ci
soient visibles, et rendre le sport d’aspect aussi spectaculaire qu’il
est en réalité. Faire que ces jeunes aient envie de
rejoindre le sumo, pas pour faire de l’argent, mais pour la
possibilité d’appartenir à quelque chose que les gens
vont vouloir regarder. Jette un œil sur le banzuke aujourd’hui. Sur
les dix sanyaku, huit ont commencé en bas de la pyramide des
rangs (non salariés) et aucun des anciens universitaires n’a
été plus haut que sekiwake. Qu’est-ce qui a amené
ces gars dans ce sport ? Ils ne se sont sans doute pas
inquiétés de savoir qu’ils ne toucheraient pas une
feuille de paie avant d’avoir atteint les juryo. Je crois qu’ils
voyaient le sumo comme quelque chose de passionnant et qu’ils voulaient
en faire partie. Asashoryu vénérait Chiyonofuji,
Tochiazuma Wakanohana III. Personne ne voulait de Hakuho, mais il
voulait être dans le sumo. Il y avait quelque chose en eux qui
leur disait « Je veux en faire partie ». Si les jeunes
d’aujourd’hui ne voient jamais de sumo, ils ne voudront jamais en faire
partie. Pour revenir à la question des salaires, c’est une chose très difficile que d’obtenir un équilibre entre salaire et désir. Je suis au courant que les joueurs de deuxième division de foot et d’autres sports perçoivent des salaires. C’est la même chose aux Etats-Unis avec les ligues mineures de base-ball. En fait je pense que les salaires dans les ligues majeures de base-ball aboutissent à un certain degré de complaisance chez pas mal de joueurs. Ils gagnent beaucoup d’argent, mais en fin de compte, finissent par s’encroûter et perdre leur rage de vaincre. Qui cela dérange-t-il si je rentre à la maison Suite |
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