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sur
des courses de bateaux à moteur. Après tout,
lui-même avait l’habitude de parier ainsi. Tomojiro, cela dit,
est conscient que si celui-ci avait été heureux dans ses
paris, il ne serait pas dans cette même situation
misérable, mais pense toutefois : « Bon, je n’ai jamais
pensé recevoir cet argent de toute manière. Il est
véritablement tombé du ciel, alors pourquoi pas ? ». Une nouvelle fois, Tomojiro agit sans penser une seule minute aux conséquences alors que, investi de manière convenable, cet argent aurait pu lui permettre de vivre dans le confort pendant des mois, voire des années. Et donc, Tomojiro et son camarades se rendent aux courses de bateaux. Son premier pari est sur une course « sûre », et Tomojiro double bien vite son capital. Son camarade l’invite alors à faire un autre pari sûr dans une course plus tard qui l’amènerait à la somme qu’il avait au départ escomptée de ma Kyokai. Mais Tomojiro attrape la folie des grandeurs, envisageant même de se présenter à une autre élection et de s’acheter une maison. Il se décide pour des cotes l’amenant à plus de huit millions de yens, jouant tout pour le tout. Et donc, Tomojiro et son camarade finissent par tout perdre. Enjoué comme toujours toutefois, il se dit qu’il n’avait commencé avec rien de toute manière, et donc n’en voudra jamais à son camarade. Tokitsukase oyakata, le rijicho, décède le 16 décembre 1968 à l’âge de 56 ans. Tomojiro apprend la nouvelle de sa mort et de ses funérailles le jour de Noël 1968 par une connaissance. Tokitsukase a toujours été prévenant à son égard, et Tomojiro se souvient de la générosité de l’oyakata, se |
sentant
encore redevable envers lui. Son ami propose de lui donner de l’argent
pour se rendre aux funérailles, et Tomojiro se rend au Kokugikan
dans un costume élimé et délavé, le seul
qu’il possède. Un photographe de presse prend un cliché
de lui en train de marcher à l’aide d’une cane avec
difficultés, loin de l’homme robuste qu’il avait pu être. En février 1969, un homme se rend au |
Tomojiro
peut enfin vivre une vie sans soucis. On lui donne un petit appartement
à quelques pas du restaurant. Chaque jour, on peut alors le
trouver à l’entrée, remerciant les mécènes
et prenant soin de leurs possessions. Aucun invité n’imaginera
jamais qu’il est servi par un ancien yokozuna – pour eux il est juste
un grand homme banal. Bien que Tomojiro ait toujours semblé
jovial – quelques soient les problèmes qu’il |
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Le nom de Minanogawa (à droite) est gravé sur l’un des piliers de la clôture de la Pierre de Force du temple d’Eko-in, Ryogoku – marquant le site de l’ancien Kokugikan. A la gauche on trouve celui de Tamanishiki. Mark Buckton, Courtesy of the Nihon Sumo Kyokai |
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foyer
où réside Tomojiro pour lui rendre une visite. Il tend
une carte de visite où est écrit « Yonetaro Sakai,
propriétaire, Murayama Sai, Restaurant de l’Oiseau Sauvage
». Il a été un très grand fan de Minanogawa,
et est anéanti de le voir vivre seul et sans le sou dans un
foyer, sans famille ni amis. Il demande à Tomojiro de le
rejoindre dans son restaurant à Musashimura, la région
montagneuse située à l’extrême ouest de Tokyo.
Tomojiro aura sa propre chambre, la nourriture et quelques
tâches à effectuer pour qu’il puisse au moins gagner
quelques sous. Il promet à Tomojiro le gîte et le couvert,
comme les cigarettes. Grâce à la générosité de ses fans, |
ait eu à affronter – cette fois-ci, il semble véritablement heureux. Deux ans plus tard, le 20 janvier 1971, un livreur se rendant à l’appartement de Tomojiro le trouve étendu sur une table, sur laquelle se trouve la seule et unique photo qu’il ait jamais eue témoignant de son succès dans le sumo – son combat contre Nayoriiwa. Tomojiro avait 67 ans. Le jour suivant, alors que les journaux rapportent la défaite du grand Taiho face à Kotozakura lors de la onzième journée du basho de janvier 1971, un entrefilet signale le décès de Minanogawa, victime d’une attaque. Seules trente personnes assistent aux Suite |
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