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le matta est devenu
si préoccupant que la Kyokai a du prendre des mesures. La
réaction est alors de décider qu’un matta sera
déclaré si les deux mains ne touchent pas le sol, et
qu’en cas de récidive multiple le contrevenant se verra
déclarer vaincu. Effet instantané de cette mesure, les rikishi commencent alors à partir d’une position très basse pour la charge, au lieu d’une position pratiquement relevée. Il est possible qu’ils en aient reçu l’instruction de la Kyokai pour que la partie sur « les hanches en position basse » fasse partie de la reprise en main, ou peut-être les rikishi pensent alors qu’en faisant cela, ils pourraient simuler le toucher du sol plus aisément, rendant plus ardue une éventuelle disqualification. Quelle que soit la vérité dans tout cela, le fait est que la pratique d’un tel tachiai perdure depuis, et comme avant 1984, à mesure que le temps est passé, le respect apparent des règles s’est fait de plus en plus ténu, ce qui fait que dans leur pratique actuelle, tout observateur avisé peut voir clairement qu’une petite minorité des rikishi les applique véritablement. Bien plus, une fois le combat (torikumi) entamé, les gyoji l’interrompent très rarement, et donc le non-respect des règles a potentiellement plus d’avantages que les inconvénients théoriques. Les images des torikumi d’avant 1984 montrent que le tachiai part alors d’une position quasi relevée. A partir de cette position, la tête d’un rikishi est la plupart du temps relevée au moment du départ et il n’y a pas d’effort particulier à effectuer pour avoir la vision de son adversaire. De plus, à partir de cette position, si un rikishi fait brusquement un saut de côté, la manœuvre est en général |
immédiatement
détectée, et son adversaire est bien moins susceptible
d’être pris complètement au dépourvu au point de
tomber tête la première, ce qui arrive souvent en ce
moment avec les fameuses « henka totales ». En raison de
cette position, les bénéfices du saut de
côté sont à cette époque réduits par
rapport à aujourd’hui – et sans doute bien plus subtils – ce qui
explique pourquoi je n’ai aucun souvenir des henka à cette
époque. Les henka de tachiai d’avant 1984 sont plutôt semblables aux « demi-henka » que Chiyotaikai emploie en 2005 lorsque les blessures cassent la dynamique de ses tsuppari – l’ozeki effectue un pas en oblique sur le côté pour déséquilibrer le centre de gravité de son adversaire de façon inattendue. Pour beaucoup des rikishi qui emploient cette tactique, elle a pour but de leur ouvrir tranquillement la route vers le mawashi de leur adversaire. Kitanoumi et d’autres lutteurs de premier plan l’emploient alors tout le temps, mais puisque les rikishi ne tombent pas à plat ventre ou s’envolent en dehors du dohyo, cela ne fait lever aucun sourcil ni ne dérange aucune conscience. Si un rikishi se voit critiquer pour la manœuvre, c’est seulement pour l’avertir qu’il amoindrit la puissance de sa charge. Bien plus, à l’époque, le mot « henka » n’est même pas associé au tachiai. Les rikishi font des pas de côté au tachiai depuis des décennies, mais en me plongeant dans tous mes livres et magazines de sumo d’avant 1984, je n’y ai pas trouvé une seule occurrence du mot « henka » - ce qui est pour moi la preuve que le lent développement vers la henka telle que nous la connaissons aujourd’hui trouve son origine dans l’annonce en 1984 de l’application de la Loi des Deux Mains au Sol. |
L’action
de la Kyokai visait à réduire le nombre de matta. Je ne
peux pas croire que la situation des matta puisse être pire
qu’elle ne l’est aujourd’hui, et en conclue que ce coup d’essai a
été loin d’être un coup de maître. En fait,
et ceci est mon avis tout à fait personnel, je
préfère largement le tachiai tel qu’il était avant
1984 à ce qui se passe maintenant. Les rikishi ignoraient la
règle avant 1984, ils ont continué à le faire
après, et donc cet aspect n’a pas changé. La
différence notable est qu’aujourd’hui – comme les rikishi
abordent le tachiai d’une position basse – la primauté tactique
au tachiai s’est enflée dans des proportions au-delà du
raisonnable, ce qui résulte en un nombre plus réduit de
véritables collisions, et un plus grand nombre de situations
où le rikishi s’écrase tout simplement au sol ou sort
tout seul du dohyo. Entre les deux, mon cœur ne balance pas longtemps. Depuis ce changement, aucun combat – à ma connaissance – n’a été perdu en raison d’un nombre excessif de matta, en dépit des avertissements stipulant que cela se produirait. Donc, tout comme avant 1984, nous voyons ce que nous voyons parce que parce que la Règle des Deux Mains – qui a existé tout au long de ces périodes – n’est pas appliquée de manière rigoureuse. Ceci n’est pas une critique de ma part, c’est un simple fait – et qui plus est c’est un fait que je ne critiquerai pas parce que, étant étranger, j’évite de critiquer les motivations qui régissent l’administration du sport national japonais. Mais tout comme n’importe quel autre fan, je peux dire ce que j’aime voir, et je peux vous dire que je préférais bien plus voir le « vieux » tachiai que le « nouveau ». Home |
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