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pensent
qu’elles sont destinées à être plus
indépendantes financièrement que leurs mères.
Elles sont convaincues que le sexisme dans la société
japonaise a diminué au cours de leurs vies, et semblent ne pas
être prêtes à endurer passivement les
discriminations, en particulier dans le domaine du sport. « Je
sais ce que c’est que d’être une femme dans un sport
dominé par les hommes » me dit une confiante jeune fille
de 16 ans, sous les hochements approbateurs de ses pairs. « Je
pratique le shorinji-kempo, et c’est dur. Les garçons se moquent
de moi et je ressens cette discrimination ». Ce changement
d’attitude sociale est un mauvais présage pour le sumo actuel,
ce que décrit parfaitement Naomi, qui a la vingtaine. «
Quand des femmes comme ma mère et ma grand-mère cesseront
de regarder le sumo, comment le sumo les remplacera ? Comment le sumo
expliquera aux femmes qu’elles doivent adorer un sport qui les tient en
subordination ? ». Comme Tomoko, une adolescente, l’ajoute
« Les vieilles aiment les chairs, mais les jeunes trouvent le
mawashi boudinant et ringard ». La NSK ayant sans doute besoin de dizaines d’années pour modifier sa position, une solution plus rapide au problème pourrait être trouvée dans le sumo amateur. Libéré des contraintes de la religion Shinto, le sumo amateur envahit le Japon avec la Fédération féminine en avril 1996, avec ses compétitrices attachant leur mawashi autour de leur body. Le sumo amateur féminin est désormais un mouvement planétaire qui engendre de nouvelles stars et vise à attirer de nouvelles fans. L’une de ces nouvelles stars est Hiroko Suzuki, la poids moyen surdouée qui a remporté deux médailles d’or à l’Open des Etats-Unis de 2005. Quand elle était |
shinjinrui,
Hiroko maîtrisait plusieurs sports, y compris le judo et le foot
américain, et elle fait désormais la promotion du sumo
dans l’esprit shinjinrui : « Je suis entrée dans le sumo
pour y promouvoir la place de femmes. Il faut qu’on ait plus de
lutteuses pour accroître la popularité du sumo.
J’espère que d’autres femmes vont m’aider à
développer le sumo féminin ». L’avancée des
femmes dans le sumo, nous dit Hiroko, doit être effectuée
avec soin. « Il faut noter que le sumo a une longue histoire et
un rôle décisif dans l’histoire du Japon. Nous devons
prendre du temps et faire beaucoup d’efforts, et conclure de grands
accords avec le sumo professionnel si nous souhaitons que les femmes
soient un jour autorisées à monter sur un dohyo
professionnel ». Pour l’instant, elle cherche surtout à
attirer les foules, et trouve sans aucun doute ironique que le sport
qui a passé un jour une Loi de Prohibition des femmes est
maintenant prêt à supplier le soutien des femmes. Le recrutement de femmes pour son soutien n’est pas aidé par les nombreuses histoires développées par les tabloïds concernant les sumotori et leurs romances ratées. De telles histoires ne font qu’ajouter à l’hostilité des femmes envers les personnalités du sumo, et elles prennent souvent fait et cause pour les petites amies des lutteurs. Presque toutes les shinjinrui de plus de vingt ans se souviennent de la rupture en 1993 de Takanohana avec son amoureuse, la star de cinéma glamour Rie Miyazawa. La conclusion que les jeunes, garçons comme filles, en ont tiré était que : Rie (la star) était plus cool que Taka (le sumotori) ; que Taka (le sumotori) ne méritait pas Rie (la star) ; et que la rupture était entièrement de la faute de Taka |
(le
sumotori). Bien que l’affaire Rie ait soulevé des questions sur
le traitement des femmes dans le monde du sumo, les femmes shinjinrui
ont apparemment ignoré celles-ci, se forgeant au lieu de
ça l’opinion que les sumotori sont des personnalités
arrogantes et que les stars valent mieux qu’eux. Le rôle des femmes mérite un article à lui seul (peut-être un jour dans ces colonnes). Pour l’instant, si des stratégies marketing plus générales échouent, les shinjinrui femmes se révèleront extrêmement difficiles à recruter, sauf si le sumo professionnel renforce ses liens avec le sumo amateur ou, peut-être – même si ça paraît impensable – s’il réévalue ses liens avec le shintoïsme. Les attentes d’un Yokozuna Le 21 mars 2005, le plus célèbre des fans du sumo dans le monde, le président français Jacques Chirac, a gagné une popularité encore plus grande au Japon que dans son propre pays en déclarant : « J’espère que le prochain Grand Champion sera Japonais ». L’absence d’un yokozuna japonais est le seul sujet qui réunit les amoureux du sumo et ses contempteurs. Même les shinjinrui qui détestent le sumo admettent que, en dépit de leurs difficultés à s’identifier avec les personnalités du sumo, ils seraient heureux de s’identifier à un Japonais yokozuna. Et ça se comprend. En tant qu’Anglais, je peux affirmer que les nations n’ont aucun plaisir à avoir leurs représentants sportifs rituellement humiliés. Hélas, depuis le déclin de Takanohana II en 2001, cette humiliation est le lot des sumotori et des spectateurs. L’Hawaïen Musashimaru a dominé 2002, avant que le Mongol Suite |
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