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Takasago
était le plus facile, la grande difficulté arrive avec sa
seconde opération chirurgicale, puisque le chirurgien doit
désormais araser – opération douloureuse – les fragments
d’os pourris de son bras. C’est une opération majeure, de celles
qu’on ne maîtrise même pas encore complètement
aujourd’hui, mais le chirurgien Maeda réussit miraculeusement
à réparer le bras de Sadamisaki. Le docteur Maeda est
conscient à cette époque que Sadamisaki est
retombé en sandanme et qu’il n’a pas le moindre argent à
lui. Le docteur Maeda paie personnellement pour l’ensemble des
dépenses du séjour prolongé de Sadamisaki à
l’hôpital. Sadamisaki est conscient qu’il ne pourra jamais rembourser toutes les dépenses d’hôpital, mais plus que tout, il ressent qu’il ne pourra jamais remercier suffisamment le docteur pour lui avoir sauvé la vie, car il sait que sans le sumo il n’y aurait pas eu de vie à vivre pour lui. Il comprend qu’il s’est vu accorder une seconde chance, la clé d’une nouvelle vie. Pour symboliser cette transformation, il décide de changer son shikona en Maedayama Eigoro, pour honorer le travail du docteur. Le nom d’Eigoro vient de Eigoro Omaeda (1793-1874), un chef yakuza de la préfecture de Gunma. Il avait tué un homme et avait été exilé sur l’île de Sado, mais il parvint à s’échapper pour devenir plus tard le plus puissant des parrains de Tokyo et de la région du Kanto sur la fin de l’ère Edo. Après un an d’absence, Maedayama fait son retour sur les dohyo pour le basho de janvier 1935, remportant facilement cinq combats sans concéder une seule défaite. Il apprend à canaliser toute son énergie animale et son agressivité dans son sumo. Bientôt, |
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ses
féroces harite et tsuppari sont si réputés que ses
adversaires expriment tout haut leurs craintes de devoir l’affronter.
Toutefois, ce que ses adversaires craignent le plus est son instinct de
tueur, puisqu’une fois que Maedayama a mis les pieds sur le dohyo, il
le fait en se préparant au combat comme s’il allait tuer ou
être tué. Ses adversaires sont littéralement
pétrifiés par l’intensité de son
agressivité. En deux basho, il est promu au grade de komusubi et parvient à se défaire du yokozuna Tamanishiki après un mono-ii. Au basho suivant, il finit avec onze victoires pour deux défaites et est promu de komusubi au rang d’ozeki, sans passer par le grade de sekiwake. Il ne lui a fallu que quatre basho pour atteindre le grade d’ozeki depuis ses débuts en makuuchi, la promotion la plus rapide depuis Onishiki à l’époque. Maedayama se construit un palmarès crédible comme ozeki mais ces années coïncident avec la participation du Japon dans la Deuxième Guerre Mondiale, et la défaite qui s’ensuit, et donc bien qu’il se soit approché de la promotion comme yokozuna, celle-ci n’arrive pas. En fait, entre le moment où il est promu ozeki lors du basho de mai 1938 et celui où il sera finalement promu yokozuna, au basho de novembre 1947, dix ans s’écoulent (à l’époque il n’y avait que deux basho par an). Les fans d’ozumo finissent par le qualifier d’éternel ozeki, ne le considérant pas capable d’obtenir un jour sa promotion. Au cours de cet intervalle de dix ans, il est dépassé par Haguroyama, Terukuni et Akinoumi, tous promus yokozuna avant lui. Vers la fin de ses années d’ozeki, il n’est plus aussi efficace qu’auparavant. A l’évidence il a vieilli mais il a surtout arrêté d’employer ses armes favorites, les harite et les tsuppari. Le changement est intervenu après le |
basho
de janvier 1941, tournoi dans lequel il emploie ses missiles pour
couler les trois stars de la Tatsunami beya, Haguroyama, Futabayama et
Nayoriiwa. Maedayama les réduit tout simplement en
poussière. Après leur combat, on a l’impression qu’un
train leur est passé dessus.
Suite
Même les fans habitués à voir Maedayama employer ses harite sont stupéfaits de voir le grand yokozuna Futabayama subir les claques sauvages de Maedayama. Maedayama est accusé de conduite incorrecte indigne d’un ozeki, par les media et les fans qui le qualifient alors de maître des coups bas. Cette réaction véhémente blesse un Maedayama habituellement arrogant, et après ce basho il semble faire un effort volontaire pour mettre en sourdine son style de sumo. Le seul rikishi à prendre la défense de Maedayama est le grand yokozuna Futabayama qui rejette les critiques en déclarant que les harite sont une technique légitime en sumo. Un autre facteur qui peut avoir joué dans sa décision d’assagir sa férocité est le fait qu’il devient oyakata et propriétaire de heya. Son shisho vient de décéder et il hérite de la heya alors qu’il est toujours en activité, une règle connue comme le « Nimai-Kansatsu » (cette règle n’est plus en vigueur ; désormais un rikishi doit avoir pris sa retraite avant de pouvoir reprendre une heya, comme cela s’est produit lorsque Kotonowaka a repris la |
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