Isegahama Seinosuke –
Ozeki Kiyokuni Katsuo

par Joe Kuroda

Isegahama oyakata (ancien ozeki Kiyokuni) prendra sa retraite obligatoire de la Nihon Sumo Kyokai au cours du Kyushu basho, puisqu’il atteindra l’âge de 65 ans le 20 novembre 2006.

Né sous le nom de Tadao Sato à Ogashi-machi (connu aujourd’hui sous le nom de Yuzawa-shi, dans la préfecture d’Akita), il est un enfant de grande taille quand il finit l’école primaire. Il commence le judo au collège et devient assez doué dans ce sport. Tadao est alors repéré par celui qui est alors Araiso oyakata (plus tard Isegahama oyakata, et ancien yokozuna Terukuni), mais il n’a aucun désir de devenir rikishi. Toutefois, l’oyakata veut qu’il s’essaie au sumo et il reçoit la permission de ses parents de le faire rejoindre la heya sans que Tadao en ait connaissance. En conséquence, Araiso oyakata invite Tadao à visiter sa heya durant les vacances d’été et Tadao, pensant que c’est une superbe façon de passer l’été, décide d’y aller. Quand il est enfin prêt à partir à la fin de l’été, on lui dit que sa « visite » est désormais permanente, et que tous les formulaires sont signés.

Tadao fait ses débuts sur le dohyo au basho de septembre 1956 sous le shikona de Wakaikuni. Il n’a que 14 ans et termine la mae-zumo comme shin-jo niban (second niveau). Son premier basho de jonokuchi est en janvier 1957, et il le finit avec quatre victoires et quatre défaites. Le yokozuna Taiho fait ses débuts au même moment, mais il progresse bien plus vite sur le banzuke que Tadao : Tadao est encore en train d’errer en makushita quand Taiho devient yokozuna.

Tadao se débat en makushita et se voit bientôt dépassé par son jeune camarade de heya, Asasegawa (plus tard M1) qui est promu en juryo au basho de novembre 1957. A ce moment, Tadao change son shikona de Wakaikuni à Umenosato, puis Kiyokuni, d’après les deux noms de lutteurs des deux anciens Isegahama oyakata, Kiyosegawa (sekiwke) et Terukuni. La promotion d’Asasegawa motive Kiyokuni à s’entraîner comme jamais. Résultat, enfin, après 26 basho, Kiyokuni est promu en juryo en mai 1963 et, en trois basho, il est promu en makuuchi.

Lors de son second basho de makuuchi, classé M13e, il perd son dernier combat contre le sekiwake Daigo pour finir avec quatorze victoires pour une seule défaite. Comme le yokozuna Taiho a remporté tous ses combats (dont un par fusen), Kiyokuni ne remporte pas le yusho. Toutefois, il se voit attribuer le gino-sho et est promu sekiwake au basho suivant, étant resté dans la course au yusho en compagnie de Taiho durant tout le basho.

Cinq ans plus tard, au basho de juillet 1969, Kiyokuni est promu ozeki et s’empare du yusho pour son premier basho en tant qu’ozeki. Il bat Fujinowaka (plus tard sekiwake) sur un abisetaoshi lors du combat décisif. Beaucoup pensent qu’il peut devenir yokozuna en deux basho, mais Kiyokuni finit par se blesser gravement au cou et à la colonne assez rapidement, et il ne récupèrera jamais complètement de ces blessures. Elles auront un grand impact sur la suite de sa carrière.

Tôt dans sa carrière, Kiyokuni a développé son style en hidari-yotsu. Ses bras sont si forts qu’il brise un jour l’épaule de Taiho, et il se forge une réputation de blesseur d’adversaires. Il est vite affublé du surnom de « Destroyer ». Il est aussi réputé pour son tachiai très net, souvent considéré comme un parfait exemple de ce qu’il faut faire.

D’un point de vue du standard des ozeki, Kiyokuni est considéré comme un excellent ozeki qui a manqué l’occasion de devenir yokozuna en raison de blessures chroniques. Il était puissant et avait un style bien défini, mais sa faiblesse physique était dans sa partie basse. Son manque de souplesse n’a pas fait du bien à sa carrière, et avait comme origine son attitude plutôt tranquille vis à vis de l’entraînement – on dit qu’il ne fut pas capable de faire un matawari avant de devenir ozeki.

Fin 1973, Kiyokuni commence à souffrir de problèmes cardiaques et, à l’âge de 32 ans, au basho de janvier 1974, il prend sa retraite du sumo actif. Il prend le nom de Kiriyama oyakata, puis à la mort de son shisho, il hérite de l’Isegahama-beya le 7 avril 1977.

Pendant un moment, l’oyakata dirige la heya tranquillement avec sa femme Sanae, qu’il a épousé en mai 1971. Puis le 12 août 1985, un événement qui frappe de stupeur tout le Japon engloutit la famille de l’oyakata. Le vol 123 de la JAL, de Tokyo à Osaka, s’écrase sur une chaîne de montagnes dans la préfecture de Gunma, coûtant la vie aux 520 passagers dont la femme d’Isegahama et ses deux enfants.

Suite à cette tragédie, l’oyakata semble avoir perdu sa passion et sa volonté de construire une heya puissante, et celle-ci commence à péricliter. Certains diront même que l’oyakata peut plus souvent être vu dans un pachinko que sur le dohyo d’entraînement. Il se remarie, mais la rumeur dit que sa femme n’est pas franchement enthousiasmée par son rôle d’okamisan. Aujourd’hui, l’autrefois puissante Isegahama-beya qui comptait des dizaines de recrues quand l’oyakata la reprit, n’en compte plus que deux – le jonidan Shosho et le jonokuchi Fukunokuni, chacun ayant fini avec quatre défaites le dernier Aki basho.

La heya a actuellement un toshiyori – Wakafuji (l’ancien M1 Katsuhikari) dont la retraite est programmée en août 2007 ; le wakaimonogashira Shiraiwa (ancien J7 Shiraiwa) ; le sewanin Saisu (ancien M2 Saisu) ; deux gyoji (l’un est Shikimori Kandayu, de rang sanyaku), deux yobidashi (dont le tate-yobidashi adjoint Hideo) et un tokoyama.

Dans un hebdomadaire publié il y a deux ans, Isegahama oyakata se plaignait du manque de combats enthousiasmants, faisant même une allusion aux combats arrangés (yaocho). Il y impliquait également un usage très répandu des stéroïdes anabolisants chez les rikishi, et dénonçait les énormes sommes en jeu dans l’achat des toshiyori et le recrutement de rikishi universitaires. Il exprimait son amertume quand ses neveux, les actuels maegashira Tamanoshima et makushita Tamamitsukuni, alors à l’université, furent happés par son rival Kataonami, qui disposait de ressources financières plus conséquentes.

Comme l’article comportait pas mal d’accusations sans preuves, l’oyakata fut convoqué par les Riji pour s’expliquer. L’oyakata expliqua que ses commentaires avaient été détournés, mais néanmoins son poste au sein de la Kyokai lui fut retiré. Il fut repris comme auditeur deux mois plus tard. Wakafuji oyakata, de sa heya, était alors le directeur du comité des auditeurs, ce qui pourrait expliquer cela.

Le sort de sa heya au moment de la rédaction du présent article n’est pas très clair, mais selon toutes probabilités elle devrait être dissoute, et les derniers membres devraient être transférés au sein d’une heya de l’ichimon comme la Kiriyama ou l’Asashiyama.

Isegahama Seinosuke
Shikona:
Wakaikuni => Umenosato =>  Kiyokuni Katsuo
Nom reel: Tadao Sato
Né le : Novembre 20, 1941
A: Ogachi-machi (aujourd’hui Yuzawa-shi)  Akita Prefecture
Heya: Araiso => Isegahama
Débuts: Septembre 1956
Débuts Juryo: Mai 1963
Débuts Makuuchi: Novembre 1963
Dernier basho: Janvier 1974
Plus haut rang: Ozeki
Taille: 182 cm
Poids: 134 kg
Techniques Favorites: Hidari-yotsu, yorikiri
Shukunsho: 3
Ginosho: 4
Yusho: 1 (Makuuchi)
Statistiques: 103 basho, 706 victoires, 507 défaites(3 fusen), 32 kyujo, 1210 apparitions, 0.582 en pourcentage de victoires.
Makuuchi record: 62 basho, 506 victoires, 384 défaites (3 fusen), 31 kyujo, 887 apparitions, 0.569en pourcentage de victoires.
Ozeki record: 28 basho, 233 victoires, 147 défaites (3 fusen), 31 kyujo, 277 apparitions, 0.613 en pourcentage de victoires.
Basho: Banzuke-gai 1, Jonokuchi 1, Jonidan 4, Sandanme 6, Makushita 26, Juryo 3
Hiramaku 15, Komusubi 7, Sekiwake 12, Ozeki 28.



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